Cow-Boy
Daniel Piron, ancien
chroniqueur politique, travaille pour une émission sur la sécurité routière.
Mais il ne pense qu’à une chose : retrouver Tony Sacchi, le héros de sa
jeunesse, qui avait défrayé la chronique en détournant un bus scolaire pour
dénoncer les injustices sociales à la RTBF. Il tente alors de recréer la prise
d’otage afin de faire un film sur l’évolution de la société. Seulement, Sacchi
n’est plus le révolutionnaire qu’il était avant, et la reconstitution tourne au
désastre…
En se
servant d’un fait réel (la prise d’otage d’un bus scolaire par Michel Strée en
1980), Benoît Mariage dresse un portrait aigre-doux de la nature humaine avec
humour et sensibilité. Sur la forme, Cow-Boy montre un faux tournage d’un faux
documentaire on ne peut plus réel, Benoît Poelvoorde porte le film avec un rôle
bouleversant, aidé par un Melki poignant. Les seconds rôles aux visages usés
rendent le film encore plus vrai que nature. Sur le fond, Cow-Boy est une belle
remise en question à propos de soi-même et de la société déclamée sur un ton
cynique 100% pur belge : un journaliste paumé aux principes contraires à
ses idéaux (il dénonce les injustices sociales et refuse de donner un euro à un
SDF qui nettoie les vitres de sa belle voiture) accompagné par un caméraman
stupide et un preneur de son petit et alcoolique… Il n’y a que par chez nous
que l’on peut croiser ce genre de personnes !
Mais pourtant, Cow-Boy est une grande déception. Après avoir vu la bande-annonce, on s’attend à voir une grosse comédie, mais on se retrouve devant un film plat et ennuyeux. Cow-Boy est basé sur un fait oublié depuis bien longtemps, et malgré l’excellent jeu des acteurs, le spectateur se demande quand arriverra l’action et le comique. Cow-Boy plaîra tout de même aux hommes atteignant la quarantaine et sa crise bien connue qui se reconnaîtront très bien dans le personnage de Daniel Piron qui se rend compte un peu tard que sa vie est un échec, car, au-delà de son côté plat, Cow-Boy est aussi une très belle fresque de l’être humain comme il doit être en réalité, et pas comme il est sur un écran.
Pauline Di Silvestro